lunes, 4 de julio de 2016

52 ans de lutte armée et un processus de paix en « marche » avec l’ELN
 
 
 
CARLOS MEDINA GALLEGO
Enseignant-Chercheur
Université Nationale de Colombie
Centre de Réflexion et de Suivi du Processus de Paix – CPSPP
Groupe de Recherche en Sécurité et en Défense – GISDE
 
 
 
Dans l’histoire de l’Armée de Libération Nationale – ELN –, il y a trois temps fondationnels importants : D’abord la conformation de la brigade pro-libération José Antonio Galán, avec l’adoption du slogan militant « Ni Un Pas en Arrière, la Libération Ou la Mort » (NUPALOM) ; dans le cadre du pacte révolutionnaire où s’engagent de jeunes rebelles au cours d’un rituel où était présent Ernesto « Che » Guevara, on y décide d’impulser la théorie insurrectionnelle du foquisme en Colombie dans les premiers mois de 1963, avec la ferveur de la révolution cubaine.
Il y a dans un deuxième temps la première marche guérillera, débutée le 4 juillet 1964 dans la municipalité de San Vincente de Chucuri pour matérialiser l’engagement du pacte et enfin, la prise de Simacota le 7 janvier 1965, comme événement concret du début de la lutte armée. Depuis lors et jusqu’à maintenant, 52 ans d’histoires d’engagement, de guerre, de tragédie et de douleur ont eu lieu qui, aujourd’hui, cherchent activement une possibilité de solution politique négociée.  
  
L’apparition publique de l’ELN, sa première action militaire à Simacota, est accompagnée d’un manifeste qui, par de brefs énoncés, cherche à exprimer le point de vue de l’organisation à propos de la propriété agraire, des conditions d’existence des ouvriers ou des petits et moyens producteurs, de l’éducation, la santé, le logement. Elle cherche également à assumer une position anti-impérialiste et à informer du début de la lutte révolutionnaire, sans autre objectif, à ce moment-là, que celui de renverser le gouvernement en s’adressant aux protagonistes du conflit social et en appelant le peuple libéral et conservateur à faire face à l’oligarchie de ces deux partis.
 
Cinquante-deux ans ont passé depuis le moment de la première marche du 4 juillet 1964, il est clair que le pays et le monde se sont transformés de manière substantielle et que le régime de l’exploitation, de l’exclusion, de la pauvreté et de l’inégalité demeure… Il est clair également que l’ELN s’est transformée, le plus jeune des combattants qui a assisté à la prise de Simacota, Nicolás Rodríguez Bautista, a aujourd’hui 63 ans, il reste fidèle aux idées qui ont engendré son engagement et, depuis plus de 25 ans, il conduit l’organisation vers un processus de solution politique négociée et de paix.
 
L’ELN doit être caractérisée comme une organisation sociale et politique en armes, dont la force n’est pas dans la capacité de son armée, mais, essentiellement, dans son lien avec la population et son engagement dans le changement des régions où elle est présente. De là provient son insistance sur la participation décisive de la société civile dans les processus de négociation et sur le fait que la paix se construit à partir des territoires.
 
Au-delà des thématiques générales qui correspondent au « colis » de droits sociaux qui devront mobiliser la conflictualité future (travail, santé, éducation, logement, …), de la lutte pour une démocratie inclusive et respectueuse de la différence, du thème des victimes du conflit et des droits humains de la population, le thème central de l’ELN concerne la politique minière énergétique, l’environnement et les ressources naturelles, aspects sur lesquels l’organisation porte ses revendications depuis le milieu des années quatre-vingt.
 
Aujourd’hui, l’ELN peut compter sur un soutien important si elle touche avec suffisamment d’intelligence pragmatique le thème de la politique minière énergétique, avec une attention particulière sur l’industrie minière artisanale et traditionnelle, petite et moyenne, sur la légalisation des titres de propriétés minières des petits et moyens propriétaires, sur la révision de la politique de distribution et les conditions d’investissement en royalties dans les territoires productifs, la gestion environnementale des multinationales, la conservation des ressources naturelles comme ressources stratégiques de la nation (eaux, landes, zones humides, forêts et écosystèmes fragiles… entre autres), l’engagement social des entreprises avec les populations et les territoires. Si elle affronte de manière décisive l’industrie minière illégale aux mains des paramilitaires et des bandes criminelles, et légalise socialement sapropre industrie minière.
 
L’expérience a démontré qu’il n’existe aucun inconvénient à ce que la société civile participe à un processus de conversations et qu’elle contribue à la construction d’imaginaires de paix et de coexistence démocratique, dans le cadre d’une proposition méthodologique viable et d’un objectif spécifique. Les points à l’ordre du jour qui sont connus, accordés entre le gouvernement et l’ELN, prendront certainement en considération des aspects obligatoires des thèmes accordés à La Havane qui contribuent à l’intérêt général, dans un système politique unique et pour une nation unique.
 
Ce 4 juillet 2016, c’est le cinquante-deuxième anniversaire du début de la lutte armée de l’ELN. Le pays entier attend que l’ELN et le Gouvernement surpassent tous les inconvénients et marchent ensemble vers un cadre de conversations sur la solution politique négociée du conflit armé. Le président Juan Manuel Santos marque un très grand intérêt pour ce processus et Nicolás Rodríguez Bautista a dit récemment qu’ils attendent de s’asseoir pour discuter sur l’ordre du jour publié le 30 mars, suite à la phase exploratoire qui a précédé la TABLE PUBLIQUE. Nous attendons anxieusement cet événement si important, pour lequel différents secteurs de la société civile se sont mobilisés avec une responsabilité et une espérance particulière.

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